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L'origine de Calais

 
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L'occupation anglaise

 
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L'arrivée des tullistes anglais

 
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La fusion de Calais et Saint-Pierre

 
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Une ville meurtrie par les deux conflits mondiaux

 

 

 

 

L'origine de Calais

 

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De l’assèchement des sols…

Nous savons peu de choses sur le peuplement du Calaisis, hormis qu’il fut assez tardif. Pendant le  néolithique (7500-3000 av. JC), alors que l’homme commence à se sédentariser, Calais est encore sous les eaux. Le cap Blanc-Nez, composé de roches calcaires... d'où son nom, surplombe à 130 m d’altitude et à une dizaine de kilomètres en aval la ville de Calais. Il constitue alors un véritable cap, à l’extrémité du continent occidental.

Les dépôts calcaires déposés par la mer étendent progressivement la limite du continent. Cependant, Calais reste longtemps une terre marécageuse ce qui déterminera la position ultérieure des différents forts construits sur la terre ferme. Aujourd’hui encore, on peut remarquer aux alentours de Calais de nombreux watergangs et sols en deçà du niveau de la mer qui nous rappellent que la cité fut construite sur une terre gagnée sur la mer.

 

Des Morins …

Avant l’arrivée des légions romaines dans la Gaule belge, en 57 avant notre ère, Calais était occupée par les Morins. Ces descendants des Cimbres et des Saxons et dont le nom d’origine celtique « Mor »  signifie « mer »,  vivaient en majorité le long des côtes mais avaient pour capitale la ville de Thérouanne. Ce peuple barbare et sans loi savait cependant se coaliser avec ses voisins pour affronter l’ennemi. Jules César mit ainsi six ans à les soumettre, et ce, en laissant aux classes privilégiées, druides et nobles, leurs privilèges.

 

De Jules César…

Les Romains dominèrent la région pendant près de cinq siècles, jusqu’en 446, date où Clodion, roi des Francs, reconquit la région. La religion romaine se substitua aux rites barbares. Les Romains défrichèrent les sols incultes, desséchèrent des marais et changèrent définitivement le paysage du littoral. On se mit alors à cultiver les terres et à développer le commerce maritime.

 

Un village de marins…

Au IXe siècle, Calais était constituée essentiellement de cabanes de marins construites le long des quais. Le port d’abord naturel est amélioré sur ordre du comte de Flandres, Baudouin IV.

 

De la naissance de Calais…

 

 

 

carte

 

Selon les époques, la commune a porté différents noms. Le plan ci-dessus, représentant une partie de la Gaule belge en 1616, désigne Calais par Caletum. Ce nom aurait lui-même pour origine Calesium et Calitius, «Ca(l)» désignant le quai, lieu ou port (saxon), et «itius» le nom même du port.
On trouve aussi pour désigner Calais : Cales, en flamand occidental, ou encore Kales, en néerlandais, et Kaleis, en vieux français..

La première charte communale fondant officiellement la cité fut délivrée en 1181 par Mathieu d'Alsace, comte de Boulogne (1137-1173).

 

Un port stratégique…

Très vite, la position de Calais, considérée comme très stratégique, va être renforcée pour parer aux invasions nordiques et anglaises.

Au IXe siècle, le port est défendu par deux grosses tours : la première, au nord-est de la ville, aurait été construite par l’empereur Caligula, la seconde, au nord-ouest de la ville, par Charlemagne en 810. Ces deux tours ont respectivement donné naissance au fort Risban et au château disparu dès le XVIème siècle mais qui a donné naissance à l’actuel fort Nieulay.

Dès 1240, Calais, jusqu’alors gérée par les comtes de Flandre puis de Boulogne-sur-Mer, rejoint directement le domaine de Louis IX (Saint Louis, 1226-1270).

 

L'occupation anglaise

 

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Le contexte de la guerre de Cent Ans

Lorsqu’en 1346 le roi d’Angleterre Edouard III décide de prendre Calais, l’une des plus longues et sanglantes des guerres médiévales, la guerre de Cent Ans, fait rage. Cette période noire de l’histoire, ponctuée de troubles, d’épidémies (La Grande Peste de 1348), de combats et de brèves trêves, allait en fait opposer la France et l’Angleterre pendant 116 ans, de 1337 à 1453.

 

Officiellement, il s’agit pour Edouard III de revendiquer le trône français suite à la succession difficile en 1328 (voir généalogie des Capétiens directs) du Capétien Charles IV le Bel (troisième fils de Philippe IV le Bel et jeune frère d’Isabelle de France l’épouse d’Édouard II d’Angleterre). Édouard III  met en avant sa lignée légitime en tant que neveu du roi de France défunt. Il s’oppose ainsi à ses deux cousins, autres prétendants au trône : - le futur Philippe VI, comte de Valois, fils de Charles de Valois, frère cadet de Philippe IV le Bel ;
- Philippe d'Evreux, petit-fils de Philippe III le Bel, qui a épousé sa cousine Jeanne de Navarre (fille de Louis X le Hutin, fils ainé de Philippe III le Bel).

 

Un autre élément incite le souverain anglais à combattre la France : sa volonté de défendre voire étendre ses possessions anglaises sur le continent : la Normandie, l’Anjou et l’Aquitaine. Ces territoires sont anglais depuis 1152, année du mariage entre la duchesse Aliénor et le prince anglais Henri II Plantagenêt.

 

Lors de la guerre de Cent Ans, l’Angleterre va connaître un certain nombre de victoires, et ce, avant notamment l’arrivée de Jeanne d’Arc qui chassera les Anglais d’Orléans en 1429, date qui marquera le début d’un revirement… bien qu’elle sera elle-même trahie et brûlée vive à Rouen en 1431. Ce revirement va cependant laisser de côté Calais pour encore de longues décennies…

 

 

 

Un enjeu stratégique : Calais

En 1303, Philippe IV le Bel augmente les fortifications de la cité et y équipe un nombre important de navires. Au cours des années 1320, les attaques perpétrées par la flotte française se multiplient contre les vaisseaux anglais au point de mettre à mal le commerce maritime à destination des ports anglais.

 

En outre, des corsaires sévissent sur le littoral. Ainsi, en 1321, le corsaire calaisien Bérenger s’empare d’un navire génois rempli de vivres pour l’Angleterre.  Ce navire ne sera jamais rendu à son destinataire…

 

Aussi, au cœur de la guerre, posséder Calais est doublement stratégique pour l’Angleterre : redevenir maître de ses eaux territoriales et créer une base militaire sur le littoral français.

 

En 1346, après avoir envahi la Normandie, le souverain anglais, impressionné par les forces françaises mobilisées, décide de se replier sur Crécy (au nord d’Abbeville dans la Somme) pour reposer ses troupes et s’organiser face à l’ennemi. Malgré leur faiblesse numérique, les Anglais  dominent et l’emportent (emploi de bombardes et de nombreux archers).

 

Encouragé par cette victoire, Édouard III, décide que le moment est venu de conquérir la ville de Calais, qu’il considère véritablement comme la Clef de la France.

 

 

La bataille de Crécy

 

Le siège de Calais

En août 1346, les troupes anglaises s’approchent de Calais. Très vite, Edouard III comprend qu’il ne parviendra pas à s’emparer de la ville protégée à la fois par ses remparts, la mer et des étendues sableuses et marécageuses. Il décide donc d’affamer la population en instaurant un siège. Aussi, il fait aménager une véritable ville à la sortie de Calais, sur une zone appelée les Pierrettes, où des milliers de soldats anglais campent.

 

Pour économiser leurs ressources, le gouverneur de la ville, Jean de Vienne, fait partir 1 700 bouches inutiles. Mais, lorsque le siège se transforme en un blocus total, terrestre et maritime, la population calaisienne se meurt littéralement de faim.

 

Le 27 juillet 1347, Philippe VI de Valois décide de secourir les Calaisiens et rassemble 60 000 soldats à hauteur de Sangatte. Mais les retranchements ennemis lui révèlent que la nature du terrain et les mesures défensives prises par Edward III rendent toute attaque impossible. Au grand désarroi de la population, le roi Philippe VI de Valois lève le camp.

 

Affamée et désespérée, la population se rend.

 

 

Les conditions de la reddition

Edouard III, très irrité par le siège coûteux en vies et en argent, n’a qu’un souhait : détruire la ville. Souhait que tout son entourage désapprouve (dont le médiateur désigné par Édouard III, Gautier de Manny qui l’invite à considérer les conséquences négatives d’une sévérité telle qu’elle ne pourrait qu’inciter l’ennemi à adopter la même attitude lors de prochains combats, d’autant que la population n’a commis que le « crime » de vouloir défendre son roi). Edouard III cède donc. 

 

La vérité sur les conditions imposées par Edouard III pour épargner la population diverge selon les chroniqueurs des XIVème et XVème siècles. L’histoire a surtout retenu la version plus romancée de Froissart, écrivain professionnel (1330, Valenciennes, mort entre 1404 et 1408), qui vécut grâce à de riches mécènes. Ce dernier s'appuie sur le récit du chanoine et historien Jean le Bel (1290, Liège-1370) et rapporte que le souverain anglais aurait exigé qu’on lui livre six bourgeois parmi les plus illustres notables de la ville, « pieds nus et la corde au cou et les clefs de la Ville et du Château en leur main ».

 

Cette condition humiliante ayant été portée à la connaissance des Calaisiens, Eustache de Saint-Pierre, le plus riche bourgeois de la ville, se dévoue le premier :
"Seigneur, il serait grand malheur de laisser un tel peuple mourir ici de famine quand on peut trouver un autre moyen. J'ai si grande espérance de trouver grâce et pardon envers notre Seigneur si je meurs pour sauver ce peuple, que je veux être le premier ; je me mettrai volontiers en chemise, nue tête, la corde au cou, à la merci du roi d'Angleterre".

 

Tandis que des hommes et des femmes se jettent à ses pieds en pleurant pour le remercier, cinq autres Calaisiens le suivent bientôt : Jean d’Aire, le cousin d’Eustache, les deux frères Jacques et Jean de Wissant, Jean de Fiennes et Andrieus d'Andres.

 

 

Jeanne Thil Ary Scheffer

 

Le dévouement des bourgeois

Toujours selon Froissart, le 3 août 1347, les Six bourgeois décharnés se présentent devant le monarque avec les clés de la ville, se mettent à genoux implorant la grâce du souverain anglais.

 

Edouard III, insensible à cette magnanimité, commande qu’on les conduise au bourreau. Froissart  (protégé de la reine dont il loue la générosité) rapporte aussi que l’épouse du roi, Philippine (ou Philippa) de Hainaut (liée à la France : arrière petite-fille de Philippe III le Hardi par sa mère Jeanne de Valois, voir généalogie des Capétiens directs), enceinte, se précipite aux pieds de son époux et le supplie de ne pas souiller sa gloire par la mort de ces infortunés. Le roi accepte.

 

Le 29 août 1347, jour de la reddition de Calais, le roi et la reine entrent dans la ville. Après avoir fait amener des charrettes de vivres, le roi fait expulser les Calaisiens pour préparer le repeuplement par des sujets anglais.

 

On raconte qu’en dépit des dispositions généreuses du roi Philippe VI de Valois qui voulait récompenser la fidélité et l’héroïsme des Calaisiens en leur offrant des fonds pour vivre, la plupart d’entre eux errèrent sur les routes du royaume, réduits à la plus terrible indigence…

 

 

 

L’impact direct de l’occupation anglaise sur la cité

Les Anglais, soucieux de renforcer les défenses de la ville, consolident et développent les fortifications (voir page sur les fortifications). Ils opèrent le desséchement de zones inondables, font construire des hôtels et magnifiques maisons aux alentours du château (à l’actuel emplacement du Fort Nieulay), agrandissent l'église Notre-Dame, développent  le commerce de la cité, aménagent son port.

 

En 1348, Edouard III établit à Calais un entrepôt de toutes les marchandises anglaises à destination de ses alliés sur le continent. En 1349, les capitaines de bateaux reçoivent en outre l’instruction de préférer le port de Calais à tout autre.

 

En 1397, on procède au dévasement du bassin du Paradis.

 

La ville connaît une période prospère et accueille régulièrement nobles et rois anglais ce qui conforte le prestige de la cité. Du reste l’attrait des Anglais pour Calais demeure encore aujourd’hui.

 

 

La libération

Alors que la guerre de cent ans est terminée depuis plus d’un siècle, Calais est encore une possession de la Couronne anglaise qui tient particulièrement à conserver cet ultime territoire sur le continent. Pour défendre la Cité, elle compte sur deux principaux éléments, ses forteresses renforcées et sa situation géographique très favorable.

En effet, Calais semble imprenable non seulement grâce à ses remparts, mais aussi parce qu’elle est entourée de tous côtés soit par le front de mer, soit pas des terres marécageuses ou encore des ruisseaux.

 

Calais, imprenable ? Son château au nord-ouest est plus vulnérable qu’il n’y paraît : ses tours sont creuses, ses enceintes ne sont pas consolidées par des terre- pleins, et le château donne au nord sur un fossé et un banc de sable entièrement recouvert lors des hautes marées.

 

Ainsi, en 1557, pour récupérer Calais, le roi de France Henri II, aidé de Jean MONCHY DE SÉNARPONT, gouverneur de Boulogne et maître dans l’art des fortifications, va élaborer des plans de campagne que le Duc de Guise va exécuter.

 

La libération par J.F. Picot

 

 

Dès le début de l’année 1558, c’est d’abord la forteresse de Sangatte (au nord ouest de Calais), puis les forts Nieulay et Risban qui tombent. Ce dernier fort placé en avant du port permet aux vaisseaux français de débarquer armes, soldats et vivres.
Le Duc de Guise détourne alors l’attention des Anglais par une fausse attaque puis s’empare de la tour la plus avancée du château.

 

La garnison se rend le 7 janvier 1558.  Les simples soldats et bourgeois se retirèrent sans armes, ni argent, ni bagages aux Pays-Bas. Le gouverneur, Lord Wentworth, et les officiers restèrent prisonniers de guerre.

 

Ainsi, la ville fut reprise en seulement sept jours alors que les Anglais avaient mis un an et 28 jours à la conquérir, mais c’était 210 ans plus tôt...

 

 

L'arrivée des tullistes anglais

 

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La fusion de calais et Saint-Pierre

 

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Une ville meurtrie par les deux conflits mondiaux

 

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Une ville meurtrie lors du premier conflit mondial

Calais, durant la Première Guerre mondiale, est loin du front et des combats qui ensanglantent l’Artois, cependant la présence militaire y est massive, l’état-major belge y prend ses quartiers. Pendant les quatre années du conflit, plusieurs millions de soldats vont transiter par Calais et Boulogne. La ville, transformée en camp retranché abrite même plus de soldats que de civils, sans compter les milliers de malades et blessés belges évacués entassés dans les hôpitaux.

photos_premiere_guerre_mondiale

Aussi la ville est une cible privilégiée pour les Allemands : très cosmopolite, elle est une base internationale (outre les troupes françaises, des soldats britanniques, belges, puis portugais et américains) et un dépôt d’approvisionnements, elle est la ville la plus bombardée de l’arrière.
En effet, avec les innovations apportées par la guerre, devenue industrielle, Calais va subir les bombardements aériens de Zeppelins causant de graves dégâts matériels (maisons détruites ou endommagées), 270 tués et 528 blessés. Outre les lignes ferroviaires, l’église Notre-Dame et le beffroi du tout nouvel Hôtel de ville sont endommagés.

 

 

Destructions en centre-ville

 

Aussi, quand la Seconde Guerre mondiale éclate, la ville est encore meurtrie du précédent conflit.

 

Calais : un champ de ruines lors de la Seconde Guerre mondiale

 

10 mai 1940 : l’enfer avance inexorablement. La Wehrmacht envahit la Belgique et la Hollande, la Luftwaffe s’attaque aux voies ferrées et aux villes, Calais est la première touchée à 5h20.

 

A partir du 16 mai, la population est jetée sur les routes de l’exode.

 

Tandis que les blindés allemands avancent inexorablement vers Dunkerque, après Boulogne le 25 mai 1940, Calais, bombardée, est la proie d’un déluge de feu et de flammes pendant 15 jours et tombe le 26 mai après une héroïque résistance qui dure trois jours et trois nuits au terme de laquelle les Alliés (Britanniques, Français, Belges et Hollandais), ayant épuisés leurs munitions, sont contraints à la capitulation.

 

Le Vieux Calais (Calais-Nord) n’est plus qu’un amas fumant de ruines d’où seuls le phare, l’église Notre-Dame et la Tour du Guet, bien qu’endommagée, sont restés debout ; la Tour du Guet, le plus ancien monument de Calais qui a résisté aux invasions normandes, à plusieurs tremblements de terre (21 mai 1382, 23 avril 1449, 1580 et 28 novembre 1776), va dès lors être le témoin muet d’une occupation qui durera quatre années… Le quartier historique du Courgain a disparu et une grande partie de la population a fui les combats.

 

Le Vieux Calais a vu disparaître sous les bombes son ancien hôtel de ville avec beffroi de style flamand reconverti en musée,  sa place d’Armes entourée de maisons bourgeoises, ses remparts qui ceignaient l’ancienne cité…

 

L’heure de l’Occupation


 

Les départements du Nord et du Pas-de-Calais, séparés du reste de la France, sont rattachés au Militärbefehlsaber (commandement militaire) de Bruxelles et sont placés en « zone réservée », statut très particulier puisqu’ils risquent l’annexion au Reich.

 

Calais vit dès lors à l’heure allemande dont le seul vestige actuel est le Malo Bunker de  près de 100 mètres de long (devenu depuis 1962 le Musée de la Guerre) au cœur du Parc Saint-Pierre, poste de commandement de la marine de guerre allemande et central téléphonique.

 

La vie calaisienne devient alors celle de toute la France occupée : rationnements, cartes d’alimentation, couvre-feu, STO.

 

La Libération… sous les bombes


 

Et puis l’heure de la Libération arrive enfin le 1er octobre 1944, et comme Royan, Calais est bombardée, à nouveau, par les Alliés cette fois, mais par erreur, le 27 février 1945 !

 

En ce mardi 27 février, les rues bourdonnent de monde, les enfants sortent en courant de l’école, les Calaisiens délaissent bureaux et ateliers pour regagner leur demeure. Une journée de paix presque retrouvée en dépit des conditions encore difficiles puisqu’il faut se ravitailler avec la carte d’alimentation. Dans ce brouhaha de fin d’après-midi, personne ne s’étonne d’entendre vrombir les moteurs d’escadres dans le ciel. Mais soudain, l’espace de quelques secondes, un appareil pique et mitraille la ville éventrée dans une effroyable explosion… les morts jonchent les rues. Dans le quartier Saint-Pierre (de la rue de Valencienne à la rue Gaillard, du boulevard Lafayette au boulevard Curie), 89 morts ensanglantent les rues, soufflés par l’explosion, décapités parfois.

 

Le lendemain, le maire, Jacques Vendroux, reçoit la visite de deux officiers anglais et américain, dépêchés pour exprimer les regrets du général Eisenhower : trois escadrons de la 2nd Tactical Air Force avaient décollé de Vitry-en-Artois pour une mission au-dessus de la poche de Dunkerque ; si les deux premiers escadrons ont préféré faire demi-tour à cause du ciel de plus en plus bouché, le troisième en revanche poursuit sa mission… Si la première formation (6 Mitchell) atteint son objectif à 16 heures et lâche ses bombes, la seconde (6 autres Mitchell) cherche son objectif et croit l’avoir trouvé enfin. Il est 17h30, 40 bombes tombent sur Calais… 89 morts et 200 blessés dans ce dernier bombardement allié.

 

Les obsèques ont lieu dans l’après-midi du 3 mars, les honneurs sont rendus aux victimes par la Royal Air Force. Conduits par une musique militaire britannique, les cercueils sont transportés au cimetière dans 10 camions prêtés par l’armée britannique. Et c’est le 4 mars que la population apprend par voie de presse le communiqué officiel. Les Calaisiens meurtris une fois encore accueillent ces regrets officiels dans un silence digne.

 

A l’issue de ces quatre années de guerre, Calais offre alors un paysage lunaire marqué par les crevasses laissées par les éclats d’obus, des champs défoncés où se mêlent des débris de fils de fer, des pans de murailles. Plus aucune rue ni aucune place n’est reconnaissable ; tout a été pulvérisé. La ville n’est plus qu’une vaste étendue de dévastation et de désolation.

 

 

Vues_générales

 

C’est alors l’heure de la reconstruction, elle va prendre 15 ans.

 

Principaux édifices détruits

 

Place d'Armes

 

 

gare&murailles

 

 

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